Le Président de la République du Tchad monsieur Mahamat Idriss Déby a annoncé la décision de son gouvernement de rompre l'accord de coopération militaire avec la France lors d'un point de presse tenu à N'Djamena le 1er décembre 2024. Cette décision, prise dans un esprit de renforcement de la souveraineté du pays, vise à réorienter le partenariat avec la France vers des domaines plus bénéfiques pour les populations respectives.
Le Président Mahamat Idriss Déby a souligné que cet accord était devenu obsolète et ne répondait plus aux réalités sécuritaires et stratégiques actuelles du Tchad. Les Forces de Défense et de Sécurité tchadiennes ont montré leur capacité à protéger le territoire national et à lutter contre le terrorisme sans l'aide de la France. La décision de rupture vise à renforcer l'autonomie et l'engagement des FDS tchadiennes.
« Cet accord avait été signé à une autre époque, avec d’autres acteurs de part et d’autre et dans un contexte tout aussi diffèrent. Il visait à répondre aux défis communs d’une autre conjoncture nationale, régionale et internationale. Cependant, au fil du temps, cet accord est devenu obsolète. Complètement obsolète. Il ne correspondait plus, ni aux réalités sécuritaires, géopolitiques et stratégiques de notre temps, ni à nos attentes légitimes quant à la pleine expression de notre souveraineté. De la même manière, il ne nous apporte aucune valeur ajoutée réelle sur le terrain militaire, où nous faisons face, seuls, à des défis variés et sérieux, notamment des attaques de dimension terroriste. Des défis sécuritaires nationaux et régionaux devant lesquels, nos propres Forces de Défense et de Sécurité se sont illustrées par une vaillance jamais démentie et une détermination sans commune mesure. Elles ont démontré et prouvé, à chaque fois que cela est nécessaire et partout où elles ont été déployées, qu’elles sont plus que capables de défendre l’intégrité de notre territoire et d’assurer la sécurité de nos concitoyens, voire contribuer efficacement à lutter contre le terrorisme à l’échelle régionale. », a déclaré le président du Tchad.
Le Président a précisé que cette décision ne remettait pas en cause les relations diplomatiques avec la France ni la coopération internationale du Tchad. Le pays reste ouvert à des échanges constructifs avec tous ses partenaires, y compris la France, pour établir de nouveaux cadres de coopération basés sur des principes universels.
« Cette décision n’a pas été prise de manière légère. Elle résulte d’une réflexion approfondie et d’une évaluation minutieuse. Elle répond à un engagement pris devant le peuple tchadien, à travers mon projet de société ayant mis en exergue la promesse de bâtir des relations réciproques et équilibrées avec les pays frères et amis, dans un esprit d’indépendance et de respect de la souveraineté des États. En tant qu’État souverain, fort de ses 66 ans de marche depuis la proclamation de la République, le Tchad est pleinement en droit, et même dans l’obligation, de définir librement ses relations internationales, de choisir les formes de coopération qu’il souhaite et de conduire sa politique de défense en fonction de ses priorités. Nous avons ainsi décidé de mettre un terme à cette coopération militaire pour réorienter notre partenariat avec la France sur des domaines qui auront plus d’impact positif sur le quotidien de nos populations respectives. », a-t-il mentionné avant d’expliquer les raisons principales pour lesquelles cette décision a été prise « Cette décision s’appuie sur plusieurs facteurs parmi lesquels je cite : Absence de réciprocité : La présence militaire française au Tchad ne se fonde pas sur une base réciproque. Le Tchad ne doit plus accepter aux autres ce qui ne lui est pas accepté par ces autres. C’est le sacré principe de réciprocité. Nécessité de réparation : Il est désormais primordial pour le Tchad de réparer les imperfections dans ses relations internationales. Choisir en toute Indépendance les formes et les partenaires de sa coopération internationale selon ses priorités nationales. Renforcement de nos capacités : cette rupture fait partie de notre volonté de bâtir une armée tchadienne en phase avec toutes ses responsabilités, plus autonome, plus engagée et plus responsable dans l’accomplissement de sa mission régalienne de défense de la patrie. ».
En conclusion, le Président de la République du Tchad monsieur Mahamat Idriss Déby a appelé à appréhender cette décision dans son contexte approprié et à la considérer comme une étape nécessaire pour renforcer la souveraineté nationale et repenser les relations internationales du Tchad. Il a insisté sur l'importance de la protection du peuple tchadien et du territoire national, tout en invitant la communauté nationale et internationale à soutenir cette démarche.
« Je vous invite, mesdames et messieurs, à appréhender cette décision dans son contexte approprié : il s’agit de renforcer notre souveraineté, de repenser nos relations internationales et d’assumer notre responsabilité dans l’édification d’une paix durable, tant au Tchad qu’au sein de notre région. Nous continuerons à travailler avec tous les partenaires dans l’esprit de respect mutuel. Nous appelons nos alliés à soutenir notre démarche et à accompagner le Tchad dans la consolidation de ses capacités de défense et de sécurité. Avant de conclure, le Gouvernement est instruit pour procéder à la mise en œuvre de cette décision en prenant attache avec la partie française. », a-t-il insisté.
Cette rupture de l'accord de défense avec la France s'inscrit donc dans une réévaluation des priorités stratégiques du Tchad et vise à renforcer son indépendance nationale. Le Président de la République du Tchad monsieur Mahamat Idriss Déby a affirmé que le pays était capable de défendre son intégrité et assurer la sécurité de ses citoyens sans dépendre d'une puissance étrangère.